Cette institutrice avait tout prévu : « Je ne pouvais plus reculer après… »

Cette institutrice de 32 ans avait orchestré un mensonge d’une ampleur inédite. Pendant des mois, elle a simulé une leucémie pour soutirer plus de 80 000 euros à sa communauté compatissante. Son mari, complice involontaire, avait ouvert plusieurs cagnottes en ligne pour financer ses « soins ». Une escroquerie aux sentiments qui révèle une manipulation glaçante.

La scène est glaçante. Une institutrice de 36 ans se…

L’Escroquerie Révélée : Quand L’amour Aveugle Devient Complice

La scène est glaçante. Une institutrice de 36 ans se rase le crâne, simule des convulsions et multiplie les faux séjours à l’hôpital. Derrière cette mise en scène macabre : 82 700 euros détournés grâce à une leucémie totalement fictive. Son complice ? Son ex-mari, qui ouvre méthodiquement les cagnottes en ligne pour alimenter cette escroquerie aux sentiments.

Le couple bordelais perfectionne son système entre 2019 et 2024. Trois campagnes Leetchi successives, des photos contre des murs blancs pour simuler l’hôpital, et même un mensonge sur la santé de leur fils, prétendument atteint d’un lymphome de Hodgkin. L’institutrice pousse le vice jusqu’à inventer des rechutes à chaque naissance de ses enfants.

Plus de mille donateurs tombent dans le piège. Des anonymes, des célébrités, tous dupés par cette mascarade qui dure près de dix ans. L’argent file vers l’achat d’un smartphone, d’un van, ou comble simplement les découverts bancaires du couple.

La supercherie s’effondre quand l’Agence de biomédecine découvre l’arnaque. Les traitements contre la leucémie sont gratuits en France et « jamais facturés aux patients ». Le tribunal correctionnel de Bordeaux vient de condamner les deux ex-époux à douze mois de prison avec sursis.

Cette révélation soulève une question troublante : comment une telle manipulation a-t-elle pu prospérer si longtemps ?

Le Mécanisme De La Tromperie : Comment Elle A Berné Les Donateurs

La réponse tient en trois mots : mise en scène impeccable. L’institutrice bordelaise maîtrise parfaitement les codes de la maladie. Crâne rasé, photos dans des environnements hospitaliers factices, convulsions simulées devant témoins : chaque détail renforce la crédibilité de son mensonge.

Sur les plateformes Leetchi, le récit devient poignant. L’ex-mari rédige des descriptions déchirantes, évoque les rechutes à répétition, les coûts de traitement imaginaires. Le couple exploite habilement la méconnaissance du public : peu de donateurs savent que les soins oncologiques sont entièrement pris en charge en France.

La stratégie évolue au fil des années. À chaque naissance, une nouvelle « rechute » justifie l’ouverture d’une cagnotte. Le mensonge sur leur fils, prétendument atteint d’un lymphome, élargit le cercle de compassion. Les réseaux sociaux amplifient chaque appel au secours, transformant l’entourage en relais involontaires.

L’institutrice pousse la manipulation jusqu’à programmer ses apparitions publiques. Elle disparaît plusieurs jours, prétextant des hospitalisations, puis réapparaît affaiblie pour entretenir l’illusion. Cette alternance savamment orchestrée entre absence et retour fragile ancre durablement la fausse réalité dans l’esprit des donateurs.

Plus de mille personnes succombent à cette orchestration émotionnelle. L’argent coule, alimenté par une générosité détournée de son noble objectif.

Les Victimes Dans La Tourmente : Donateurs Floués Et Familles Touchées

Quand la vérité éclate, l’onde de choc est brutale. Plus de mille personnes découvrent qu’elles ont été bernées. Parmi elles, des personnalités publiques qui avaient relayé les appels à l’aide sur leurs réseaux sociaux. L’humiliation s’ajoute à la colère.

« J’ai donné 200 euros en pensant sauver une vie », témoigne une donatrice. « Aujourd’hui, je me sens salie. » Cette phrase résume le sentiment général : une générosité souillée, une confiance brisée. Les messages affluent sur les plateformes de dons, oscillant entre rage et désarroi.

L’affaire frappe de plein fouet les véritables malades du cancer. Les associations s’inquiètent : cette escroquerie va-t-elle tarir les dons ? « Chaque euro détourné, c’est un euro de moins pour nos patients », s’alarme une responsable d’association caritative. La suspicion s’installe, polluant durablement les cagnottes légitimes.

Dans l’entourage proche, c’est l’effondrement. Des amis, des collègues de l’institutrice se découvrent complices involontaires. Ils ont partagé, liké, commenté les appels au secours. Leur réseau social s’est transformé en machine à cash sans qu’ils le sachent.

Une trentaine de donateurs se constituent parties civiles, exigeant réparation. Mais au-delà de l’argent, c’est une cicatrice invisible qui demeurera : celle d’avoir été manipulés par ceux en qui ils avaient placé leur confiance.

Justice Et Conséquences : Quand La Solidarité Se Retourne En Procédure

Ces parties civiles n’ont pas attendu longtemps. Le 30 octobre 2024, le tribunal correctionnel de Bordeaux rend son verdict : 12 mois de prison avec sursis probatoire pour l’institutrice et son ex-mari. L’escroquerie et le blanchiment sont reconnus dans toute leur ampleur.

La justice frappe fort et méthodique. Confiscation immédiate des biens achetés avec l’argent sale : le smartphone, le van qui leur servait à combler leurs découverts. Les comptes bancaires sont saisis. Chaque euro détourné doit être retracé, restitué.

« L’accusée devra suivre un accompagnement psychologique », précise le tribunal. Une obligation qui révèle l’ampleur du mal : cette femme s’est nourrie pendant neuf ans des messages de compassion comme d’une drogue. Son « besoin de reconnaissance » maladif a détruit des centaines de vies.

Pour l’ex-mari, la défense tombe à plat. « J’ai agi de bonne foi », plaide-t-il. Mais comment créer trois cagnottes Leetchi sans jamais accompagner sa conjointe chez un médecin ? Sans consulter un seul dossier médical ? L’aveuglement volontaire ne fait pas excuse.

Le verdict résonne comme un avertissement. Plus de 82 000 euros à rembourser, trois ans de sursis probatoire, un casier judiciaire qui les suivra toute leur vie. Le prix de l’imposture vient d’être fixé, mais les cicatrices chez les victimes, elles, restent béantes.