Imrân connaît une progression spectaculaire dans le classement des prénoms français. De 44 naissances en 2000 à 1855 en 2024, ce prénom arabe signifiant « épanoui » bouscule les tendances traditionnelles.

Cette montée fulgurante témoigne d’une évolution notable des choix parentaux dans l’Hexagone.
Cette révolution silencieuse porte un nom : Imrân. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et révèlent une progression vertigineuse. En l’an 2000, seulement 44 bébés français recevaient ce prénom aux sonorités douces. Vingt-quatre ans plus tard, ils sont 1855 nouveaux-nés à porter ce prénom qui signifie « épanoui » ou « florissant » en arabe.
Cette ascension fulgurante place désormais Imrân dans le cercle très fermé des prénoms tendances français. Une performance d’autant plus remarquable que ce prénom reste directement lié au Coran, contrairement à d’autres prénoms arabes plus « discrets ».
« C’est un prénom original avec une sonorité agréable à l’oreille », note Stéphanie Rapoport, auteure de l’Officiel des Prénoms. Cette musicalité séduit visiblement les parents français, toutes origines confondues. L’augmentation représente une multiplication par 42 en à peine un quart de siècle.
Mohammed Perd De Son Influence Face Aux Nouveaux Codes . Imrân incarne parfaitement cette nouvelle génération de prénoms arabes qui conquièrent les maternités hexagonales. Ni trop marqué religieusement, ni totalement occidental, il navigue avec élégance entre les codes. Cette stratégie gagnante explique en partie pourquoi d’autres références plus traditionnelles perdent aujourd’hui du terrain dans les choix parentaux.Cette stratégie gagnante révèle en creux le déclin d’une autre star des prénoms arabes. Mohammed, et ses variantes Mohamed, Mahomet, qui trônaient encore récemment dans le top 20 des prénoms français, disparaissent progressivement des choix parentaux. Un effacement qui interroge.La raison ? Une connotation religieuse devenue trop marquée dans le contexte français actuel. « Il y a comme un report d’attribution vers des prénoms visiblement moins associés à des grandes figures religieuses », analyse Stéphanie Rapoport. Cette expert observe depuis des années cette migration subtile mais significative.
Les parents français d’origine maghrébine développent de nouvelles tactiques. Fini les références trop explicites au prophète de l’islam. Place aux prénoms qui passent sous les radars, qui sonnent familiers sans choquer. Une forme d’autocensure qui témoigne des tensions sociétales actuelles.
Mohammed paie ainsi le prix de sa notoriété. Trop identifiable, trop clivant, ce prénom millénaire cède sa place à des alternatives plus neutres. Imrân, mais aussi Yannis, Elie ou encore d’autres noms aux origines multiples, occupent désormais l’espace délaissé.
Cette évolution reflète une France où le choix du prénom devient un exercice d’équilibrisme. Entre identité culturelle et intégration sociale, les parents naviguent avec précaution. Le succès d’Imrân illustre parfaitement cette nouvelle donne où la discrétion l’emporte sur la tradition.Un Kévin a trois chances sur dix de passer sous la pile face à un Louis. Même diplôme, même expérience, même compétences. Seul le prénom change. Le verdict tombe sans appel. Cette injustice révèle les préjugés tenaces qui gangrènent le marché du travail français.
Les prénoms d’origine arabe subissent le même sort. Pire encore, selon certaines études. Mohammed, Karim ou Rachid essuient des refus systématiques dans certains secteurs. Les recruteurs, consciemment ou non, opèrent un tri impitoyable dès la lecture du CV.« Le prénom révèle le milieu social, le niveau d’études des parents, la région d’origine », explique Stéphanie Rapoport. Ces indices involontaires créent des catégories mentales chez les employeurs. Un mécanisme pervers qui transforme l’identité en handicap.
Cette réalité explique la stratégie d’Imrân. Moins connoté, plus fluide à l’oreille française, ce prénom évite les écueils discriminatoires. Les parents l’ont compris : choisir un prénom, c’est déjà choisir un avenir professionnel pour son enfant.
Une injustice qui pousse les familles à renier une part de leur héritage culturel pour offrir des chances égales à leur descendance.