Les propos polémiques d’Éric Zemmour sur l’Algérie : « Je n’ai aucune culpabilité… »

Éric Zemmour a provoqué une nouvelle polémique lors de son passage sur BFMTV avec des déclarations fracassantes sur l’Algérie. Le polémiste a rejeté toute forme de culpabilité française concernant la période coloniale et qualifié l’Algérie de « pays ennemi ». Ces propos radicaux suscitent déjà de vives réactions.

L’intervention d’Eric Zemmour sur BFMTV a marqué un tournant dans le débat sur les relations franco-algériennes. Le polémiste a franchi un nouveau palier de radicalité en déclarant sans détour : « Je n’ai aucune culpabilité envers l’Algérie ». Cette affirmation catégorique s’accompagne d’une métaphore particulièrement provocatrice pour justifier sa position : « Je ris lorsqu’on m’explique que la France a pillé l’Algérie : on ne pille pas des marécages et des étangs ».

Le choix des termes révèle une stratégie discursive assumée. En réduisant l’Algérie précoloniale à des « marécages et étangs », Zemmour nie délibérément toute valeur économique ou civilisationnelle au territoire avant la colonisation française. Cette minimisation historique vise à déconstruire l’argumentaire de ceux qui évoquent un pillage colonial.

Mais c’est l’escalade géopolitique qui retient l’attention : « Aujourd’hui, l’Algérie nous envahit, c’est un pays ennemi ». Cette qualification d’« ennemi » dépasse la simple polémique historique pour embrasser une vision conflictuelle des rapports entre les deux nations. Le terme « envahit » inscrit le propos dans une rhétorique d’urgence sécuritaire, transformant une question mémorielle en enjeu géostratégique immédiat.

Cette déclaration rompt avec les codes diplomatiques traditionnels et repositionne radicalement le débat sur la relation franco-algérienne.

Cette rupture avec les codes diplomatiques traditionnels marque une évolution significative dans la stratégie discursive d’Eric Zemmour. Le polémiste abandonne désormais toute nuance pour adopter un vocabulaire de guerre froide appliqué aux relations bilatérales. Le refus catégorique de la repentance coloniale s’inscrit dans une logique de table rase mémorielle assumée.

L’emploi du terme « ennemi » constitue un basculement sémantique majeur. Alors que les débats franco-algériens oscillaient traditionnellement entre nostalgie et critique mesurée, Zemmour impose un lexique martial qui transforme une question historique en confrontation géostratégique contemporaine. Cette escalade linguistique vise à cristalliser les tensions autour d’une vision binaire : nous contre eux.

La métaphore des « marécages et étangs » révèle une tactique de négation historique délibérée. En vidant l’Algérie précoloniale de toute substance économique ou culturelle, le polémiste construit un récit où la France devient exclusivement créatrice de valeur. Cette réécriture permet de justifier l’absence totale de culpabilité revendiquée.

Cette radicalisation du propos dépasse le simple positionnement politique pour questionner les fondements mêmes du dialogue franco-algérien. L’agressivité inédite de ces déclarations rompt avec soixante ans de diplomatie prudente, même dans les périodes de tension. Une approche qui soulève inévitablement la question de ses répercussions sur les relations entre Paris et Alger.

Ces répercussions ne tardent pas à se matérialiser dans l’espace public français. La division de l’opinion se cristallise immédiatement autour de ces déclarations incendiaires. D’un côté, les partisans d’Eric Zemmour y voient une prise de position forte, un refus salutaire des « complexes » liés à la colonisation. Pour eux, le polémiste incarne enfin une parole libérée des convenances diplomatiques.


De l’autre côté du spectre politique, les réactions fusent avec une virulence proportionnelle au caractère jugé « alarmiste et stigmatisant » du propos. Les détracteurs dénoncent un discours potentiellement dangereux sur le plan diplomatique, susceptible d’envenimer durablement les relations bilatérales. La qualification explicite de l’Algérie comme « pays ennemi » franchit une ligne rouge diplomatique que même les périodes de tension n’avaient jamais osé franchir.

Cette escalade verbale pose des questions géostratégiques concrètes. Les risques diplomatiques s’étendent bien au-delà de la simple polémique médiatique. Derrière la formulation choc se profile un imaginaire de confrontation inévitable qui pourrait hypothéquer les négociations en cours sur l’immigration, les accords gaziers et la coopération sécuritaire au Sahel.

L’impact sur les communautés franco-algériennes résidant en France ajoute une dimension sociétale explosive à cette controverse, transformant une déclaration politique en potentiel facteur de tensions intercommunautaires.

L’exploitation des tensions mémorielles franco-algériennes devient dès lors un levier de mobilisation électorale. La radicalité du propos vise à provoquer des réactions d’indignation qui, paradoxalement, amplifient sa visibilité médiatique et nourrissent le sentiment d’être victime d’un « système » qui refuse le débat franc.

Cette stratégie de rupture assumée transforme chaque polémique en opportunité de consolidation de sa base électorale, tout en espérant séduire de nouveaux sympathisants attirés par cette apparente transgression des codes politiques établis.